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vendredi 24 janvier 2014

Ban-Ki Moon et le français à l'ONU

Ban Ki-Moon est, depuis le 1er janvier 2007, Secrétaire général des Nations-Unies.
Au premier plan dans l'actualité mondiale, il est le plus haut fonctionnaire de l'ONU.

Dans cette vidéo, à la demande de la chaîne francophone TV5 Monde, il s'exprime en français sur la décision de sous-titrer en coréen certains programmes. Échange de bons procédés...


Comment a-t-il appris ? 

Sa position nécessite, en théorie, une maîtrise parfaite du français.

En effet, alors que six langues ont un statut officiel dans les autres organes des Nations-Unies - l'anglais, le mandarin, l'espagnol, le français, le russe et l'arabe -  l'anglais et le français sont les deux seules langues de travail du Secrétariat Général.

Ainsi, même si la procédure de nomination du Secrétaire Général ne mentionne pas la maîtrise du français comme une condition nécessaire, on constate que les sept précédents titulaires du poste - à  commencer par l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, diplômé de la Sorbonne et de Sciences Po - parlaient tous le français. Le français à l'ONU est, tout comme les autres langues, gages de diversité culturelle, âprement défendu par des acteurs tels que l'OIF ou certains politiques / diplomates. Et la France, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, a un droit de véto lors de cette nomination...

Or, le niveau de Ban Ki-Moon lors de sa campagne pour le poste en 2006, puis au moment de sa nomination en 2007 était loin d'être jugé suffisant. Le diplomate coréen a donc pris soin de communiquer sur le fait qu'il prenait des cours et comptait bien se perfectionner...une stratégie qui a fonctionné même si ses débuts laborieux n'ont pas manqué d'être relevés dans la presse française.

Niveau estimé : ses efforts ont-ils été payants ? Ban Ki-Moon a reçu en mars 2013 la médaille Senghor, plus haute distinction de la Francophonie, décernée par l'OIF. Durant la cérémonie, les efforts de Ban Ki-Moon "à titre personnel", dans "l'approfondissement du français" ont été mis en valeur. 

Dans la réalité, le Secrétaire des Nations-Unies ne semble toujours pas à l'aise avec la langue de Senghor...si tout indique qu'il comprend les discours qu'il lui sont adressés et ceux qu'il doit prononcer, il prend rarement la parole en français de manière spontanée, même en contexte francophone et quand c'est le cas, se débrouille toujours pour passer rapidement à l'anglais (ici, au Burkina Faso). 

Dans l'extrait ci-dessus, il lit de toute évidence avec un prompteur. Il reste que la prononciation est correcte, tout-à-fait compréhensible et qu'il pose bien sa voix, ce qui produit une certaine conviction. On soupçonne donc que M. Ban Ki-Moon est meilleur qu'il ne le laisse paraître. Avec un peu d'assurance, le tour sera joué ! intermédiaire +

mardi 10 décembre 2013

Au revoir Silvio, voici Enrico Letta, europhile et fan de tartes alsaciennes...

Alors qu'il semble bien falloir dire définitivement "addio" à Silvio Berlusconi, déchu de ses fonctions au Sénat italien, on constate presque avec un petit pincement au cœur l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes d’État transalpins : Mario Monti, Enrico Letta. Terminés, les implants capillaires, les affaires en tout genre et les blagues de beaufs, voici l'âge du sérieux, de la probité et de la rigueur.

Enrico Letta, l'actuel président du Conseil italien, a cependant un point commun avec celui qui l'a maintes fois précédé à ce poste : vous avez deviné, ils sont tous les deux...francophones.

Le voici s'exprimant lors d'une visite à Paris en mai 2013 :



Où ont-ils appris ? Né à Pise, l'actuel président du Conseil italien a grandi à Strasbourg,en France.  Son père, Giorgio Letta, y était professeur de mathématiques, spécialiste du calcul des probabilités. A Strasbourg, le petit Enrico est allé à l'école publique, avant de poursuivre un cursus en économie en Italie.

 "On quittait Pise en septembre, la voiture était remplie de pâtes, se souvient le chef du gouvernement. Mais c'est la tarte flambée qui reste ma madeleine de Proust" confie-t-il dans une interview au quotidien  Le Monde.

Européen convaincu, Enrico Letta parle aussi anglais et allemand.

Pour Berlusconi, pas d'information : il semble que le français lui aie servi dans sa carrière politique mais plus encore dans sa carrière dans le monde des affaires, notamment à un moment où son groupe, Mediaset, possédait "La 5", version hexagonale de la chaîne de télévision "Canale 5". En témoigne ce reportage de 1985, au moment du lancement de la chaîne en France, ainsi que cette interview de la même époque, savoureuse pour la remarque finale du journaliste.



Niveaux estimés : force est de constater qu'ils ont tous les deux un niveau courant, sans tension ni difficulté pour l'interlocuteur ou l'auditeur francophone.

Enrico Letta est bien meilleur cependant. Ses rares italianismes ("de faire ainsi que") ne nuisent en rien à l’extrême clarté d'un propos pourtant complexe. Un accent presque imperceptible, l'utilisation ici un peu familière du "on" pour "nous", sa façon quasi "professorale" de marquer les intonations rendent son expression à la fois naturelle, structurée et nuancée.

Sivlio Berlusconi a un accent plus marqué, des hésitations sur les genres même si le ton général est fluide et assez idiomatique ("donner un coup d’œil" au lieu de "jeter un coup d’œil").

mercredi 18 septembre 2013

John Kerry, le cousin d'Amérique

Le contexte international actuellement difficile, marqué par le cas tragique de la Syrie, est l'occasion d'évoquer, sur un ton un peu plus léger, le Secrétaire d’État américain John Kerry.

Le voici, en février 2013, lors de la conférence de presse qui clôt sa visite officielle en France.


Comment a-t-il appris ? 

Le français, c'est une tradition familiale. Les parents de John Kerry se sont rencontrés au cours de vacances à Saint-Briac-sur-Mer, en 1937. Sa maman, Rosemary Forbes, a grandi en France.

John Kerry est même le cousin germain de Brice Lalonde, homme politique français fondateur du mouvement Génération Ecologie, qui a été maire de Saint-Briac-sur-Mer...
Au cours de son enfance et de son adolescence, John Kerry a donc passé de nombreuses vacances aux "Essarts", la propriété que les Kerry possèdent en Bretagne.

C'est à ces longs séjours qu'il doit son français courant.

D'une manière sans doute moins anecdotique, on peut remarquer que John Kerry a eu une formation aussi solide qu'internationale, étudiant au Japon puis en dans une école américaine en Suisse, avant d'intégrer la prestigieuse université de Yale. Ce parcours lui a sans doute permis de parfaire ses compétences linguistiques.

Niveau estimé

 Des hésitations sur les genres ("chaleureuse"), une maladresse culturelle (le ministre Fabius), un emploi malheureux de "ça" à la place de "cela", un trébuchement sur le difficile "il est" (au lieu de "c'est"),  mais une excellente grammaire et une aisance caractérisée par l'emploi de tournures recherchées ("n'a cessé"), de structures complexes, de phrases longues. A cela, il faut ajouter sa capacité à faire de l'humour, ce qui n'est pas mal du tout ! Avancé ++


Une question politique ?

C'est du moins l'angle sous lequel le journaliste du David Parkman Show, une émission politique d'orientation progressiste diffusée aux États-Unis, a choisi d'aborder la compétence linguistique du Secrétaire d’État.




En effet, David Parkman introduit le reportage en prenant la défense de John Kerry, dont la francophonie semble déplaire fortement à certains Républicains ultra-conservateurs (heureusement assez minoritaires). Parler français, pour eux, c'est être précieux, maniéré, peu à même de mener la politique extérieure d'un grand pays comme les États-Unis d'Amérique !

Avec des origines austro-hongroises, écossaises, une partie de la famille à Shanghai, un père diplomate, John Kerry, qui parle également un peu norvégien,  incarne sans nul doute une frange privilégiée d'Américains voyageurs, à l’esprit universaliste, ouverts sur le monde et polyglottes.

Le journaliste le souligne : "Nous avons besoin de gens qui considèrent l'éducation et l'ouverture aux autres cultures et aux autres langues comme ce vers quoi on doit tendre, comme ce qui est à même de rapprocher les gens et non comme quelque chose de risible ou que l'on doive boycotter".

Dans la même émission, on peut voir un autre candidat malchanceux à l'élection présidentielle, le Républicain Mitt Romney, qui fut lui aussi critiqué à cause de sa capacité à parler français.

En France, c'est le faible niveau en anglais certains politiques qui est le plus souvent source de moqueries !