mardi 10 décembre 2013

Au revoir Silvio, voici Enrico Letta, europhile et fan de tartes alsaciennes...

Alors qu'il semble bien falloir dire définitivement "addio" à Silvio Berlusconi, déchu de ses fonctions au Sénat italien, on constate presque avec un petit pincement au cœur l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes d’État transalpins : Mario Monti, Enrico Letta. Terminés, les implants capillaires, les affaires en tout genre et les blagues de beaufs, voici l'âge du sérieux, de la probité et de la rigueur.

Enrico Letta, l'actuel président du Conseil italien, a cependant un point commun avec celui qui l'a maintes fois précédé à ce poste : vous avez deviné, ils sont tous les deux...francophones.

Le voici s'exprimant lors d'une visite à Paris en mai 2013 :



Où ont-ils appris ? Né à Pise, l'actuel président du Conseil italien a grandi à Strasbourg,en France.  Son père, Giorgio Letta, y était professeur de mathématiques, spécialiste du calcul des probabilités. A Strasbourg, le petit Enrico est allé à l'école publique, avant de poursuivre un cursus en économie en Italie.

 "On quittait Pise en septembre, la voiture était remplie de pâtes, se souvient le chef du gouvernement. Mais c'est la tarte flambée qui reste ma madeleine de Proust" confie-t-il dans une interview au quotidien  Le Monde.

Européen convaincu, Enrico Letta parle aussi anglais et allemand.

Pour Berlusconi, pas d'information : il semble que le français lui aie servi dans sa carrière politique mais plus encore dans sa carrière dans le monde des affaires, notamment à un moment où son groupe, Mediaset, possédait "La 5", version hexagonale de la chaîne de télévision "Canale 5". En témoigne ce reportage de 1985, au moment du lancement de la chaîne en France, ainsi que cette interview de la même époque, savoureuse pour la remarque finale du journaliste.



Niveaux estimés : force est de constater qu'ils ont tous les deux un niveau courant, sans tension ni difficulté pour l'interlocuteur ou l'auditeur francophone.

Enrico Letta est bien meilleur cependant. Ses rares italianismes ("de faire ainsi que") ne nuisent en rien à l’extrême clarté d'un propos pourtant complexe. Un accent presque imperceptible, l'utilisation ici un peu familière du "on" pour "nous", sa façon quasi "professorale" de marquer les intonations rendent son expression à la fois naturelle, structurée et nuancée.

Sivlio Berlusconi a un accent plus marqué, des hésitations sur les genres même si le ton général est fluide et assez idiomatique ("donner un coup d’œil" au lieu de "jeter un coup d’œil").

vendredi 29 novembre 2013

Margaret Buckingham : le CNRS, une "liberté totale"

Le 14 novembre dernier, la chercheuse britannique Margaret Buckingham recevait la médaille d'Or du CNRS pour ses recherches en biologie moléculaire et en biologie du  développement. 

Dans cette vidéo , elle revient sur son parcours : celui d'une brillante étudiante d'Oxford, qui travaille en France depuis maintenant plus de vingt ans. 



Où a-t-elle appris ?

Vivre en France depuis 1971 vingt ans a certainement aidé.... D'abord post-doctorante à l'Institut Pasteur, elle est entrée en 1975 au CNRS, où elle est maintenant directrice de recherche.

Alors que l'on a tendance à déplorer le manque attractivité de la France et de ses laboratoires de recherche, la fin du français comme langue de publication, les commentaires de Margaret Buckingham dans l'extrait vidéo sont encourageants. Ils tendent à que le modèle français a encore beaucoup à offrir :
"La France a toujours été beaucoup plus positive à encourager les femmes qui travaillent", affirme-t-elle, en louant par ailleurs la "liberté totale" dont elle a pu disposer au CNRS, et en concluant que "beaucoup de scientifiques (...) viennent en France et sont très contents".

Le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), le plus grand organisme français dédié à la recherche, fondé en 1939,  a ainsi recruté en 2011 une proportion de 31,6 chercheurs étrangers.

Niveau estimé : Sa maîtrise parfaite du vocabulaire scientifique montre qu'elle ne s'est pas contentée de vivre en France tout en menant ses recherches en anglais, mais qu'elle s'est approprié les outils linguistiques qui lui permettaient de travailler. Avancé +++


vendredi 8 novembre 2013

Maria Callas, une question de musique


Dans cette vidéo de 1970, Maria Callas parle à la télévision française du film Médée qu'elle a tourné sous la direction de Pier Paolo Pasolini.



Le chant prédispose-t-il à l'apprentissage des langues vivantes ? On peut se poser la question, surtout si l'on considère qu'en plus du français, Maria Callas maîtrisait à la perfection le grec (la langue de ses parents), l'anglais (des États-Unis, où elle est née en 1923 et où elle a grandi jusqu'en 1937) et l'italien (langue de ses débuts à l'opéra et de son premier mari, le Véronnais Giovanni Battista Meneghini). 

Où a-t-elle appris ? 

Rien de clair, la biographie de l'artiste ayant ses zones de flou, mais plusieurs éléments de réponse.

L'établissement en France : Maria Callas a passé ses dernières années en France, de 1974 à sa mort en 1977. Néanmoins, il s'agit d'une période où elle vit recluse dans son appartement parisien du 36 avenue Georges Mandel et où ses seules sorties sont des promenades avec ses chiens, qui ont toujours le même itinéraire :  rue de la Pompe, rue de Longchamp et rue des Sablons.Un mode de vie peu propice à la communication, donc...

L'artiste cosmopolite: auparavant, elle a fait de nombreux séjour à Paris, aux cours de ses tournées. Elle a rencontré des artistes, des intellectuels, des représentants de l'élite internationale de cultures et de langues différentes. Comme celle de beaucoup de grands chanteurs d'opéra, sa vie a été une vie de voyages.
Comme beaucoup de ses collègues également, Maria Callas a dû maîtriser le texte et les répliques d’œuvres écrites dans les grandes langues d'opéra que sont l'italien, l'anglais, l'allemand, le russe et...le français.


Elle représente donc, à la fois par sa profession et son l'histoire personnelle (née aux États-Unis de parents grecs, italienne par son mariage et décédée en France) un cosmopolitisme ouvert aux échanges linguistiques et artistiques.

Une vie multiple qui n'a pas été sans susciter d'inquiétudes. Elle aurait ainsi déclaré, dans ses dernières années : "Je suis une personne sans identité. Je suis née de parents Grecs, pourtant je ne me suis jamais sentie Grecque. Je suis née en Amérique, pourtant je ne suis pas Américaine. Je passé les moments cruciaux de ma carrière en Italie, j'ai épousé un Italien mais bien sûr, je ne suis pas Italienne. Maintenant, je vis de manière permanente à Paris, mais cela ne signifie pas que je me sente Française."

La francophilie grecque : Maria Callas a probablement pris des cours de français entre 1937 et 1945 en Grèce, période pendant laquelle elle effectue également l'essentiel de sa formation en chant.
Elle a en effet déclaré en 1938, lors d'une conférence de presse au Ritz à Paris "avoir appris le français bien avant l’italien".

A l'époque, apprendre le Français en Grèce n'a rien d'original. Le Français a été jusqu'au milieu du 20ème siècle la première langue étrangère apprise par les Grecs, pour ensuite reculer au profit de l'anglais. Il reste appris par 83% des collégiens, comme seconde langue vivante.  
La Grèce est membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Niveau estimé : un français posé et modulé, très agréable à écouter. Un propos nuancé et d'une grande précision grammaticale ("il faut que je choisisse", "le peu de jeunesse qui me reste", "j'avoue que cela me tenterait beaucoup") avec quelques petites imprécisions sur les relatives (choix des pronoms / construction "à l'anglaise : "elle est impossible à travailler ensemble"). Une maîtrise du lexique qui permet l'invention : "Je suis ouverte à toute tentation !" Joli ! Avancé ++

Capable de reproduire tous les airs, toutes les sonorités, dotée d'une grande mémoire, la diva aura donc sans doute appliqué ses extraordinaires dons musicaux à un domaine autre que le chant...

mardi 22 octobre 2013

Jodie Foster : "Parler français, ça a changé ma vie"

Parmi les stars hollywodiennes francophones, Jodie Foster occupe une place de choix. Et pour cause, elle parle un français fluide et presque sans accent.

En outre, l'actrice /réalisatrice n'hésite pas à s'exprimer dès que l'occasion se présente dans les médias francophones et à se doubler elle-même dans la version française de certains de ses films, quand elle en a la possibilité.

Last but not least,  elle aime la culture française et plus particulièrement le cinéma français : les films de la Nouvelle Vague n'ont pas de secrets pour elle !

Dans cette vidéo de l'émission Le Grand Journal , elle décrit l'avantage d'avoir une "double personnalité" induite par le fait de maîtriser deux langues.




Où a-t-elle appris ? 

Jodie Foster a été scolarisée au Lycée Français de Los Angeles. Il s'agit d'un établissement privé fondé en 1964, qui présente la particularité, comme les 400 autres "lycées français" à travers le monde, d'être homologué par le Ministère de l'Education Nationale français.

Alors qu'une partie des effectifs de ces établissements est constituée par des enfants d'expatriés ou de diplomates français, qui peuvent ainsi suivre le cursus scolaire de leur pays d'origine, un pourcentage important d'élèves est constitué de "locaux".

Ces derniers ont été inscrits par des parents désireux d'immerger leurs enfants dans la culture francophone et séduits par le très bon niveau général et l'excellente réputation de ces établissements. Ils paient généralement des droits de scolarité importants.

Issue d'un milieu ouvert, intellectuel et francophile (mais non francophone), l'actrice, qui est aussi "100% américaine" qu'on puisse l'être, a ainsi pu bénéficier d'une formation "à la française". Elle a d'ailleurs obtenu son baccalauréat en 1980, avant d'étudier la littérature à la prestigieuse université de Yale.

Par ailleurs, elle raconte avoir vu très jeune de nombreux films français. Elle en mentionne certains dans son discours d'ouverture des Césars du cinéma, en 2011.

Elle a joué dans Le Sang des autres de Claude Chabrol et dans Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet.




Dans sa jeunesse, elle a aussi chanté en français : Moi, fleur bleue et Je t'attends depuis la nuit des temps. On a le droit de préférer sa carrière d'actrice...Ceux qui y tiennent peuvent néanmoins l'entendre interpréter Comic Strip de Serge Gainsbourg, aux côtés de...Claude François. Si ce n'est pas être intégrée à la culture nationale, ça !

Niveau estimé : sa très grande fluidité ainsi que sa culture francophone en font une locutrice exceptionnelle, qui ne se contente pas de parler français mais qui a vraiment eu un contact prolongé avec la culture. Toute la différence entre communication et immersion...Bilingue, donc.
 
Si on veut vraiment chercher la petite bête, on la trouve : des erreurs et des hésitations sur les genres ("doux", "humour") pas mal d'anglicismes, surtout dans la construction des phrases ("ils étaient très ouverts à parler de ça") par exemple...Son débit naturel et typiquement français, jusque dans ces hésitations (les "ben" au début des phrases et les "hein" qui remontent à la fin !) se paie par une rapidité qui donne une manière de parler un peu "brusque".

Souligner ces imperfections n'a pas pour but de minimiser le niveau de Jodie Foster mais bien de montrer ce que son appropriation de la langue a de personnel.

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

Par exemple, il peut être amusant de comparer son français actuel, structuré mais forcément un peu distancié, avec celui de l'adolescente qu'elle était à 14 ans, entièrement spontané, jusque dans ses "ché pas" et "ouais, on rigole" ! 

lundi 14 octobre 2013

"Des mots qui vont très bien ensemble" : Paul McCartney et le français

Paul McCartney, toujours d'actualité avec New, son dernier album, ne parle pas "vraiment" le français.

Cependant, il est possible de l'entendre s'adresser à son public dans la langue de Michelle en de nombreuses occasions. La plus ancienne étant celle-ci, à l'époque des Beatles : 



Il s'est depuis distingué par quelques "Bonjour mon petit chou", ou "je parle un petit peu français" lors de concerts à Paris ou au Québec. Et d'un sérieux "Merci beaucoup Monsieur Hollande pour cet honneur exceptionnel" lors de sa remise de légion d'honneur. 



Que ce soit en France ou au Québec, il semble avoir la faveur du public et des institutions francophones. Par exemple, en 2008, la ville de Québec le choisit pour donner le grand concert gratuit qui célèbre les 400 ans de la fondation de la ville. Un choix contesté au début par certains, mais qui a finalement fait l'unanimité.

Et sa chanson, alors ? 

Cette faveur s'explique-t-elle par Michelle ?  Une des chansons les plus interprétées du XXème siècle, qui fait peut-être plus pour la francophonie que bien des discours.

La genèse en a été longuement racontée par l'artiste (Turner, Steve (2010). A Hard Day's Write: The Stories Behind Every Beatles Song. New York: Harper Paperbacks)  : parodie des chansons françaises style Saint Germain des Prés de 1960, Michelle est d'abord une mélodie sans paroles, un air sur lequel Paul McCartney chante en "yaourt" des mots qui "sonnent français" pour amuser ses amis. Ce n'est que plus tard que, sur le conseil de John Lennon, Paul McCartney décide de trouver des paroles pour sa "chanson française" et s'adresse pour cela à une amie professeur de français, Jan Vaughan.

Niveau estimé : (éternel) débutant, on l'a dit... Néanmoins, son approche est intéressante car elle dénote un rapport musical à la langue : tout comme il semble prendre un plaisir manifeste à répéter chaque mot nouveau dans la première vidéo, comme un petit garçon qui découvre de nouveaux sons, Paul McCartney explique être venu aux paroles de Michelle par la musique, le style et la tonalité. Ainsi, s'il ne parle véritablement aucune langue étrangère, le chanteur s'amuse fréquemment à imiter les sons, à contrefaire les accents.

Michelle...un classique inusable que l'artiste a pu chanter partout, et pas seulement dans les pays francophones...On note que les Obama ont l'air de connaître les paroles !


lundi 7 octobre 2013

Le général Giap, stratège des armées et des mots

Le général Vo Nguyen Giap, qui s'est éteint le 4 octobre à l'âge de 102 ans, maniait aussi bien la langue française que l'armée vietnamienne...

Grand admirateur de Napoléon, farouche opposant aux présences étrangères sur le territoire vietnamien, celui qui a vaincu la France à Diên Biên Phu en 1954 et qui a été ministre de la défense du Nord-Vietnam pendant la guerre avec les États-Unis n'était pas seulement un habile stratège, mais un homme lettré, au français sûr et précis.

Son intervention commence à la minute 1:30.




Où a-t-il appris ?

Fils de mandarin (dignitaire local) pauvre en Indochine française, Vo Nguyen Giap peut être considéré comme un parfait représentant de ces élites intellectuelles formées au sein de l'administration et des structures d'enseignement coloniales : scolarité en français, d'abord à l'école de Quốc Học, puis au lycée Albert Sarraut à Hanoï (il sera titulaire du baccalauréat). Il complète sa formation par des études d’histoire, de droit et d’économie à Hué, et à l'Université indochinoise.

Il a eu pour professeur le poète réunionais Raphaël Barquisseau, avant de devenir lui-même professeur d’histoire à l’école Thang-Long à Hanoï.

Plusieurs témoignages, notamment celui de l'ancien ambassadeur au Vietnam Claude Blanchemaison, le dérivent comme un amoureux de la culture et de la littérature française, admirateur de Napoléon et de la Marseillaise, "chant révolutionnaire"...sans rancune, donc, et toujours courtois vis-à-vis de l'armée qu'il avait spectaculairement défaite...

Niveau estimé :  malgré un  tic de langage ("n'est-ce pas") qui masque sans doute des hésitations et un accent marqué, on note une grande exactitude grammaticale et une grande précision dans le choix des mots : "généralités précises" et "précisions générales", par exemple. Giap semble apprécier les phrases sans ambiguïté, et n’hésite pas à faire reformuler une question. Il utilise une terminologie savante ("corps expéditionnaire français") et résume sa pensée (facteur primordial / facteur moral).  Des éléments qui montrent que la langue ne lui sert pas seulement à communiquer, mais à structurer son propos...avancé +++




mardi 1 octobre 2013

Shakira : elle aime le français... à mourir ?


Shakira aime le français ! "Son cœur est français aussi" comme elle le dit fort joliment, dans cette vidéo qui immortalise la remise de sa décoration en janvier 2012 (Chevalier de L'Ordre des Arts et des Lettres) par le ministre de la Culture français d'alors, Frédéric Mitterrand.

Son discours de remerciements commence à la minute 1:20.



Où et pourquoi a-t-elle appris ? 

Shakira s'exprime et chante le plus souvent en anglais. Mais, d'origine colombienne et de langue maternelle espagnole, elle semble avoir peu de difficulté à maîtriser d'autres langues latines : l'italien ou le portugais, par exemple. Elle affirme à longueur d'interviews sa volonté d'apprendre le français. Une vidéo la montre même dans les souks de Marrakech, où elle affirme être accompagnée par son professeur de français.  Mais ce n'est pas très convaincant car elle parle essentiellement espagnol avec les commerçants. Par ailleurs, et de manière plus anecdotique, des fans français affirment lui avoir offert une méthode Assimil lors de l'un de ses passages à Paris ! Pas sûr que cela ait suffi, mais l'effort pour communiquer est bien là, et les progrès manifestes au fil des années.


Donc, Shakira a une "connexion spéciale" avec la France, tout comme elle "révèle" en Italie avoir des origines italiennes pour ne plus jurer que par le Portugais au Portugal... passion réelle pour les langues, voire sentiment d'une continuité "latine", ou déclarations à des fins essentiellement marketing ?

Sûrement un peu des deux : une grande capacité à bien "se vendre" et à communiquer doublée probablement d'une attirance naturelle pour le pays où elle chante, ce qui peut expliquer une part de son succès international. La star "latino mais parfaitement anglophone " mondialisée a ainsi chanté en arabe à Dubaï (origines libanaises)...

Niveau estimé : il faut distinguer les phrases toutes faites apprises et téléguidées par les productions des émissions et des concerts de son expression spontanée, ce qui n'est pas toujours facile. Il est évident que Shakira cherche ses mots quand elle n'a pas appris par cœur et ne maîtrise pas la conjugaison de verbes irréguliers comme "faire" ou "recevoir". Elle semble moins à l'aise en français qu'en italien. Plus "latinophone" que véritable francophone, sans doute, mais de bonnes bases malgré tout. Débutant ++

Dans sa reprise de Je l'aime à mourir de Francis Cabrel, elle a un bon accent et une variété d'intonations qui rend son interprétation convaincante (linguistiquement parlant, le reste relève d'un jugement artistique !).


mercredi 18 septembre 2013

John Kerry, le cousin d'Amérique

Le contexte international actuellement difficile, marqué par le cas tragique de la Syrie, est l'occasion d'évoquer, sur un ton un peu plus léger, le Secrétaire d’État américain John Kerry.

Le voici, en février 2013, lors de la conférence de presse qui clôt sa visite officielle en France.


Comment a-t-il appris ? 

Le français, c'est une tradition familiale. Les parents de John Kerry se sont rencontrés au cours de vacances à Saint-Briac-sur-Mer, en 1937. Sa maman, Rosemary Forbes, a grandi en France.

John Kerry est même le cousin germain de Brice Lalonde, homme politique français fondateur du mouvement Génération Ecologie, qui a été maire de Saint-Briac-sur-Mer...
Au cours de son enfance et de son adolescence, John Kerry a donc passé de nombreuses vacances aux "Essarts", la propriété que les Kerry possèdent en Bretagne.

C'est à ces longs séjours qu'il doit son français courant.

D'une manière sans doute moins anecdotique, on peut remarquer que John Kerry a eu une formation aussi solide qu'internationale, étudiant au Japon puis en dans une école américaine en Suisse, avant d'intégrer la prestigieuse université de Yale. Ce parcours lui a sans doute permis de parfaire ses compétences linguistiques.

Niveau estimé

 Des hésitations sur les genres ("chaleureuse"), une maladresse culturelle (le ministre Fabius), un emploi malheureux de "ça" à la place de "cela", un trébuchement sur le difficile "il est" (au lieu de "c'est"),  mais une excellente grammaire et une aisance caractérisée par l'emploi de tournures recherchées ("n'a cessé"), de structures complexes, de phrases longues. A cela, il faut ajouter sa capacité à faire de l'humour, ce qui n'est pas mal du tout ! Avancé ++


Une question politique ?

C'est du moins l'angle sous lequel le journaliste du David Parkman Show, une émission politique d'orientation progressiste diffusée aux États-Unis, a choisi d'aborder la compétence linguistique du Secrétaire d’État.




En effet, David Parkman introduit le reportage en prenant la défense de John Kerry, dont la francophonie semble déplaire fortement à certains Républicains ultra-conservateurs (heureusement assez minoritaires). Parler français, pour eux, c'est être précieux, maniéré, peu à même de mener la politique extérieure d'un grand pays comme les États-Unis d'Amérique !

Avec des origines austro-hongroises, écossaises, une partie de la famille à Shanghai, un père diplomate, John Kerry, qui parle également un peu norvégien,  incarne sans nul doute une frange privilégiée d'Américains voyageurs, à l’esprit universaliste, ouverts sur le monde et polyglottes.

Le journaliste le souligne : "Nous avons besoin de gens qui considèrent l'éducation et l'ouverture aux autres cultures et aux autres langues comme ce vers quoi on doit tendre, comme ce qui est à même de rapprocher les gens et non comme quelque chose de risible ou que l'on doive boycotter".

Dans la même émission, on peut voir un autre candidat malchanceux à l'élection présidentielle, le Républicain Mitt Romney, qui fut lui aussi critiqué à cause de sa capacité à parler français.

En France, c'est le faible niveau en anglais certains politiques qui est le plus souvent source de moqueries !










vendredi 6 septembre 2013

Le doule défi de Serena Williams


Actuellement en demi-finale de l'US Open, Serena Williams, joueuse de tennis au palmarès impressionnant, nous épate aussi par ses prouesses linguistiques...en français, bien sûr.

On peut ici la voir (et surtout l'entendre) s'exprimer lors de sa victoire à Roland-Garros, en juin 2013.



Le public a visiblement apprécié ce bel effort pour une sportive de haut niveau qui a sans doute plus de temps à consacrer aux entraînements qu'aux cours de langue.
 
 On peut également apprécier sa performance dans cette interview spéciale "clichés" français :





 Comment a-t-elle appris ?


Rien, dans son environnement familial et professionnel, ne prédispose cette Floridienne de 32 ans à s'intéresser au français.

Mais voilà, Serena Williams est francophile...et le répète à l'envi : elle adore Paris (où elle confie posséder un appartement, près du Champ-de-Mars), elle adore la France, ses restaurants, son camembert et son vin rouge.

C'est donc assez naturellement qu'elle a décidé d'apprendre le français, même si pour elle, c'est l'italien qui mérite le statut de "plus belle langue du monde" (à la grande déception du journaliste, qui n'avait visiblement pas prévu cette réponse).

Si certains établissent un parallèle avec sa romance avec son entraîneur français, sa pratique du français est bien plus ancienne  : en réalité, elle suit depuis de nombreuses années des cours, tout simplement. En 2003 déjà, elle répondait aux questions des journalistes en français. Toutefois, elle semble avoir récemment pris confiance en elle, pour franchir un pas décisif : s'adresser au public après sa victoire, usn vrai défi, un rêve d'enfance même, qu'elle décrit comme " plus stressant que de jouer au tennis" !

Niveau estimé : une prononciation un peu floue (l'émotion ?!), des approximations, une emphase savoureuse ("très magnifique"),  mais une expression fluide et surtout très naturelle, d'une grande spontanéité, qui témoigne d'une réelle familiarité avec la langue.  Intermédiaire +++

mardi 3 septembre 2013

Marcello Mastroianni, une relation particulière avec le cinéma français





Dissertation sur la politique, le socialisme, la religion, l'utopie du théâtre...D'où Marcello Mastroanni tenait-il son français quasi parfait ? Mystère...

Comment a-t-il donc appris ? 

Aucune information précise à sujet, ni dans la presse, ni dans son autobiographie.

Mastroianni semble être, avec d'autres grands mythes du cinéma italien, comme les réalisateurs Roberto Rossellini, Federico Fellini, LuchinoVisconti ou l'acteur Vittorio Gassman, de cette génération italienne bilingue pour qui la pratique du français est une évidence. 

Sa francophonie illustre la grande perméabilité des cinémas français et italien dans les années 50 à 70 : échanges entre maîtres du néoréalisme et les cinéastes de la Nouvelle Vague, qui conduisent à des rencontres aussi inattendues que fructueuses et à de nombreuses coproductions franco-italiennes.

Mastroianni a ainsi tourné sous la direction de Louis Malle, Nadine Trintignant, Jacques Demy, Bertrand Blier et Agnès Varda.

Dans cet extrait de L'Evenement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune  de Jacques Demy (1973), il joue en compagnie de sa compagne d'alors, Catherine Deneuve. C'est une période durant laquelle il habite à Paris, ville qui aura pour lui, d'après son livre autobiographique Je me souviens, oui, je me souviens,  une importance particulière, au même titre que Rome.





Cependant, cette interview de 1961 montre qu'il se débrouille déjà très bien dix ans auparavant, lors de son premier film en français, Vie Privée, de Louis Malle.

Si sa carrière internationale l'a conduit a jouer également dans d'autres langues, notamment en anglais, il n'a en revanche maîtrisé cette langue que tardivement

Niveau estimé : des italianismes récurrents, un accent légèrement marqué, une hésitation sur les négations...mais une aisance avérée et une capacité à débattre de sujets complexes, voire philosophiques !  Avancé +++.

jeudi 22 août 2013

Justin Bieber, l'idole des ados...en VF !


La personnalité dont le plus de vidéos ont été vues sur Youtube est francophone !
Parfaitement ? Certainement pas...mais Justin Bieber, lorsqu'on l'interroge en français, se prête de bonne grâce à l'exercice.
Comme ici, il y a quelques années, lors d'une rencontre avec des fans à Paris :



A la même époque, lors d'un concert :



Niveau estimé : 

Un jury de DELF/DALF  montrerait-il le même enthousiasme délirant que le public ?

Pas sûr...il semble évident que le chanteur a appris quelques phrases toutes faites qu'il utilise à chaque occasion, plutôt qu'il ne soit capable de soutenir une conversation. "Merci pour votre support", par exemple, que l'on peut entendre dans les deux extraits, avec à chaque fois le même anglicisme, ou le sympathique mais tout-à-fait hors de propos "Je veux des croissants", so cliché...

Alors, un peu du par coeur, le français de Justin ? Certes, mais la conviction et l'intonation y sont. Il semble réellement mettre de lui même dans ses quelques tentatives d'élaborer des phrases, y prendre goût. Il se reprend, cherche aussi ses mots...et bien sûr, c'est cela qui est touchant.

Et qui fait sans nul doute fondre la belieber francophone !  Débutant + +

Où a-t-il appris ? Pourquoi ?

"A l'école", répond-il lui-même dans la première vidéo. En effet, il a fréquenté une classe d'immersion francophone dans la ville de Stratford, dans la province de l' Ontario au Canada, où il a grandi.
Sa mère est d'ailleurs issue de la communauté Canadienne française.  

Cette province compte environ 493 000 francophones, il s'agit la plus grande communauté francophone canadienne après le Québec en nombre absolu de locuteurs. Le français y est assez naturellement la seconde langue la plus apprise dans le système éducatif.




mercredi 21 août 2013

Elizabeth II : un français royal

Comme en leur temps la plupart des monarques et de la noblesse d'Europe, la reine du Royaume-Uni maîtrise un français particulièrement raffiné.

On peut le constater dans cet extrait vidéo d'un discours de 1964, à Québec, où l'articulation et l'intonation sont excellentes et montrent une indéniable appropriation du message.





Mais à 87 ans, Sa Majesté n'a pas oublié la langue de Guillaume le Conquérant. Lors de cette récente entrevue avec François Hollande, elle montre qu'elle se débrouille très honorablement dans la conversation courante (attention, le son est mauvais, il faut pousser au maximum !).



Pourquoi le français ? 

La reine du Royaume-Uni est monarque constitutionnel du Commonwealth, qui regroupe seize Nations dont le Canada, où le français a le statut de langue officielle.

C'est à partir du XVIIIè siècle "langue d'étiquette" des cours d'Europe, parlée par Catherine II de Russie, Frédéric II de Prusse...

C'est pour cette raison une langue privilégiée de la diplomatie.

Enfin, le français a eu, pour des raisons autant géographiques qu'historiques, une importance prépondérante en Angleterre.

Où a-t-elle appris ? 

Elle et sa sœur la princesse Margaret ont bénéficié des leçons de plusieurs gouvernantes françaises et belges, dès leur plus jeune âge. 

Niveau estimé :  un français élégant, mais la reine maîtrise-elle d'autres registres de langue ? Ces extraits un peu formels ne permettent pas d'appréciér l'interaction et la spontanéité de la souveraine, des qualités qui permettent d'apprécier un(e) bon(ne) locuteur/trice.  Intermédiaire ++